Les prothèses mammaires, toute une histoire ! (25/01/2019)

De tout temps, le sein féminin a nourri les bébés, mais aussi les fantasmes. De Sainte Agathe à Lolo Ferrari, l’homme a essayé de réparer, augmenter, imaginer, réinventer le sein.

La réputation des prothèses mammaires a toujours été sulfureuse, et n’a cessé d’être renforcée par plusieurs polémiques.

Alors peut-on aujourd’hui se faire opérer sans risque d’une augmentation mammaire par prothèses ? …. Explications !

 

L’ histoire des prothèses mammaires telles que nous les connaissons actuellement ne date que de la seconde moitié du XXe siècle. Après quelques tentatives malheureuses entre la fin du XIXe siècle et les années 1950 (implantation de fragments graisseux de la patiente elle-même, injections de paraffine directement dans le sein, implants rigides en ivoire…), les premiers implants mammaires modernes voient le jour aux États-Unis dans les années 60. Remplis de sérum physiologique, ils sont rapidement supplantés par des prothèses à base de gel de silicone, dont la forme et la texture sont meilleures. La chirurgie d’augmentation mammaire par prothèses se développe entre 1962 et 1990 aux États Unis, répondant aux canons esthétiques du moment. Pamela Anderson a été la vitrine vivante de tout ce que les prothèses mammaires pouvaient avoir d’ostentatoire.

 

Mais dans les années 90 aux USA, plusieurs patientes ayant développé des affections auto-immunes portent plainte contre un fabricant des prothèses, pensant qu’il existe un lien entre leur maladie et le silicone des prothèses. C’est ainsi que, par précaution entre 1996 et 2001, les prothèses en silicone sont retirées du marché en France afin de faire des recherches scientifiques plus poussées sur le sujet. Le lien de causalité est finalement écarté ; comme il y avait beaucoup de porteuses de prothèses aux États-Unis, on retrouvait forcément un certain nombre de patientes atteintes de maladies auto-immunes parmi celles-ci, mais le pourcentage était le même que dans la population générale. On sait aujourd’hui que les prothèses mammaires n’augmentent pas le risque de maladie auto-immune. Mais dans l’imaginaire collectif, l’amalgame a parfois été fait entre maladie auto-immune et cancer…

 

En parallèle, la qualité des gels de silicone remplissant les prothèses est progressivement améliorée. Ce qui n’empêche pas les éventuelles fraudes sur la marchandise : en 2010, un fabricant français de prothèses mammaires est condamné pour avoir rempli ses prothèses avec du silicone de mauvaise qualité, et le taux de rupture des implants est beaucoup plus élevé chez ce fabricant. C’est le scandale des prothèses PIP. Ces prothèses sont immédiatement retirées du marché et ne seront plus jamais posées.

 

Plus récemment, on a pu entendre des reportages évoquant le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC). Cette affection très rare serait liée à la texturation de l’enveloppe de la prothèse. En effet, pour limiter les phénomènes de coque péri-prothétique (une capsule rigide autour de la prothèse se crée parfois avec le temps chez certaines patientes), les fabricants ont développé une enveloppe rugueuse autour de l’implant qui permet d’éviter la rétraction fibreuse. C’est cette enveloppe rugueuse qui est incriminée actuellement dans la génèse du LAGC. Toutefois il n’est pas nécessaire de vous alarmer si vous êtes porteuse d’une prothèse texturée, le risque de développer un LAGC étant extrêmement faible et correspondant à un profil génétique particulier de certaines patientes.

Outre le taux moins fréquent de coque péri-prothétique, la texturation granuleuse présente un intérêt chez les patientes qui ont eu une amputation du sein, car on utilise une prothèse « anatomique » reproduisant la forme du sein : l’adhérence créée par la surface granuleuse empêche la prothèse de tourner dans sa loge et de déformer le sein.

Bien que très largement utilisée par les chirurgiens ces dernières années pour ses vertus « anti-coque », la texturation n’est pas obligatoire en chirurgie esthétique d’augmentation mammaire, puisqu’on utilise généralement des prothèses rondes : une rotation de la prothèse dans sa loge n’a donc pas de conséquence sur la forme du sein.

Ainsi aujourd’hui, même si le risque de développer un LAGC sur une prothèse texturée paraît très peu probable, utiliser un implant rond non texturé (lisse) est la seule option permettant d’écarter totalement ce risque, et c’est l’attitude qui est privilégiée actuellement.

 

La chirurgie, au même titre que la médecine, n’est pas une science exacte. Elle évolue constamment avec une actualisation perpétuelle des connaissances, et votre chirurgien ne vous fera jamais courir un risque sciemment.

Les prothèses mammaires sont une technique sûre pour augmenter la poitrine, à condition évidemment de respecter certaines règles. Mais il n’y a pas de chirurgie sans risque, il faut toujours garder cela à l’esprit.

 

 

 

Pour une augmentation mammaire sans prothèse, il existe aujourd’hui une technique de réinjection de votre propre graisse, appelée lipofilling. Demandez à votre chirurgien si vous pouvez en bénéficier !

Retournez à la liste des actualités